La tortue et le canard ou « Tortuga y el Pato »

Après m’avoir bichonné chez Lucho, mes compagnons me proposent un nouveau challenge : traverser la cordillère noire par le gigantesque canyon del pato reliant l’océan Pacifique à la cordillère blanche.
Nous partons accompagnés d’un nouveau compagnon à deux roues et d’un bipède barbu, Antoine. J’essaie inlassablement de draguer mon semblable, mais il refuse de rester à ma hauteur.

Le premier jour n’est pas très amusant. Une longue ligne droite pour rejoindre l’entrée du canyon, sur la panaméricaine. Lucho, qui pédale avec nous, trouve que je ne vais pas assez vite, et me pousse de temps en temps en montée.
A Chao, une douce pelouse attire mon regard et nous y installons le bivouac. Nous sommes dans un collège. Le lendemain matin, je me réveille pour la rentrée des classes. Les enfants m’adorent!

Nous continuons notre route sur une piste fermée aux véhicules particuliers : nous longeons le chantier d’une centrale hydraulique en construction. Les nombreux camions qui me croisent ne sont pas très fairplay. Ils me couvrent de poussière et encrassent tous mes roulements !
Nous nous arrêtons pour camper près du fleuve, mais mes accolytes se douchent sans moi, les ingrats.

Pour éviter la chaleur, nous repartons à l’aube le lendemain. Pas de chance, la piste devient humide, voir carrément mouillée, et se transforme en boue. Nous tentons péniblement de rouler sur ce sol collant, quand tout à coup, patatrac. Laetitia patauge dans la gadoue, et mon flanc se retrouve couvert de terre. Mes garde boue portent bien leur nom, je suis paralysée. David essaie patiemment de les libérer en retirant la terre à pleine main.
Nous arrivons finalement à repartir, le responsable de ce calvaire est un camion qui verse de l’eau sur la piste suivi d’un rouleau compresseur. Ils sont contents de nous expliquer qu’ils rendent la piste plus roulante ! Mon oeil…

Nous pénétrons enfin sur la piste principale. Le trafic fréquent a défoncé la route, nous roulons sur de la tôle ondulée. Encore plus difficile pour mon amortisseur.
Les ravins se creusent, le soleil tape. Je meurs de chaud. Je sens mes compagnons en sueur, des gouttes salées recouvrent ma carapace. Ils semblent assourdis par la chaleur, ralentis. Leur posture s’affaisse, ils pestent. Pourtant, c’est moi qui lutte le plus à les supporter avachis!
Nous continuons inlassablement pendant 2 jours notre chemin dans ce paysage désertique, aride. Quelques cactus, le fleuve en contrebas, mais tout est sec. Grillé. On se croierait dans le Far West.

Nous pénétrons finalement dans la partie la plus impressionnante du canyon. Le fleuve se cache à quelques centaines de mètres en contrebas alors que les sommets de plus de 4000 mètres nous dominent. Je suis intimidée, nous traversons des tunnels sombres et la piste est étroite. J’ai peur de croiser un semi-remorque qui ne me verrait pas et m’entrainerait dans le précipice.

De l’autre coté des gorges, la vallée s’élargit et la verdure apparait. Les champs sont un plaisir pour les yeux après ces 4 jours de paysages grillés. J’ai l’impression que la brise est plus fraîche. J’aperçois au loin une nouvelle bicyclette, un canon. Elle est verte, comme moi, et vient d’Annecy! Le monde est petit.

Enfin, nous atteignons Caraz, aux portes de la cordillère blanche. Nous trouvons un hotel très confortable, où je vais pouvoir attendre que mes compagnons reviennent de leur trek dans la montagne.

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7 commentaires pour La tortue et le canard ou « Tortuga y el Pato »

  1. Loic et Isa Bentégeat dit :

    Super! Quel courage pour rouler dans la boue en vélo!
    Irez-vous à Laguna Peron , qui est splendide?

  2. Patrick MAILLET dit :

    Bravo!!! Je suis impressionné par votre magnifique reportage que je ne rate jamais ! Merci.

    Bises et à vous lire.

  3. hph dit :

    la photo de vous 3 manquait, elle est là

  4. Au top! Bon courage! 🙂 bisous

  5. Antoine dit :

    super souvenir d avoir partage cette piste surprenante et intense, c etait un vrai plaisir de faire equipe avec vous 3, je suis a Puno et vous ?

  6. Cousin-Maillet#6 dit :

    Toujours super les reportages de Tortuga ……ainsi que vos photos . Bravo les Jeunes vous etes TOPiSSIMES !!!’

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