Cher David,
Il faut que je te dise, je ne me sens pas à l’aise dans notre nouvel environnement.
Quand nous étions à Cusco, je me croyais à la maison, en Europe. Nous dormions à l’hôtel avec eau chaude et wifi, nous mangions dans des restaurants végétariens. Nous faisions un tourisme tranquille en visitant des sites incas. Ce mode de vie était connu et facile.
Maintenant, j’ai perdu mes points de repère.
Quand nous avons franchi les remparts qui délimitent la vallée fertile de Cusco, j’ai eu l’impression de pénétrer un nouveau monde.
Les belles routes de montagnes ont laissé la place à des axes vallonés, puis à de longues lignes droites. Les bandes d’arrêts d’urgence sur lesquelles nous roulons ont progressivement disparu, le goudron a laissé place à des pistes de terre, en tôle ondulée. Il fait froid, le vent est omniprésent, et ce sable et cette poussière m’asphyxient à chaque rafale.
Sur le bord de la route, nous croisons moins de villages, et les magasins d’alimentation se font rares. Nous ne voyons que des bêtes, principalement des lamas, qui broutent au milieu des détritus.
C’est le plus dur pour moi: cette saleté ambiante, on croierait que les circuits de recyclage n’existent pas. Cela pue les bêtes crevées, les tas d’ordures en putréfaction sur le bord de la route. J’ai le nez qui pique.
Les fleuves font peur à voir. On aperçoit des êtres humains qui se lavent au milieu des détritus. Je suis écoeurée de boire cette eau « purifiée » par nos pastilles, je me refuse de manger cette viande qui vit au milieu de cette décharge à ciel ouvert.
Et j’ai honte de moi, de ces pensées. J’aimerai être capable d’accepter ce que je vois, mais cette facette de notre planète me heurte trop.
Je ne rêve que de me laver les mains avec du savon, mais on ne trouve pas d’eau facilement. En cette saison sèche, c’est une denrée rare, que l’on garde pour boire.
J’aimerai utiliser des toilettes sur lesquels je pourrai m’asseoir. Ce trou béant qui s’enfonce dans le sol, sans eau, est déjà une merveille quand on découvre que dans les villages, les besoins se font dans la « pampa ».
Oui, David, je me sens démunie. Ce milieu m’est hostile, je suis issue du monde occidental. Je découvre péniblement que malgré mes beaux discours, je ne suis pas capable de m’adapter à tous les environnements. Et je comprend aujourd’hui ce que signifie vivre dans le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud. Je comprend les conditions difficiles dans lesquelles vivent certains Péruviens et Boliviens, et je comprend combien leur vie n’est pas enviable.
Ces moments sont un peu difficiles pour moi.
Je t’aime,
Laetitia
Chère Laetitia,
C’est vrai que ce monde nous est complètement étranger. C’est justement pourquoi il a tant à nous apprendre. Et je sais que tu es capable de passer au delà de ce dégoût que tu ressens, pour saisir la beauté de ces lieux.
Sur cette route, nous avons continué à découvrir des sites Incas. Souviens toi, tu as été fascinée par leur philosophie, où un même mot peut se traduire par « présent » et « futur », et où la mort est une forme de vie. Grâce à Cesar et Isaac, nous avons senti la difficulté de vivre ici en homme moderne tout en respectant son héritage inca.
Ce choc culturel a engendré de longues heures d’introspection sur le vélo et des discussions entre nous passionantes. Quels beaux échanges nous avons eu!
Oui, l’Altiplano est une région austère. Pour autant, elle recèle mille et une merveilles.
Elle nous régale de sources d’eau chaude, que nous apprécions d’autant plus qu’il fait un froid glacial. Ses ciels sont fascinants, d’un bleu changeant, avec des nuages surnaturels.
Les oiseaux nous émerveillent, avec leur palette infinie de couleurs, du noir des ibis au rose des flamands roses. Et ces lamas à tête ridicule nous font toujours sourire, voir éclater de rire quand ils ruminent devant nous en se plantant au milieu de la route.
Je garde un souvenir ému de ces journées autour du lac Titicaca. Nous avons profité de ces lieux en toute tranquillité. J’ai adoré partir à la chasse aux oiseaux, armé de mon apareil photo et de son zoom misérable.
Partout, les montagnes nous entourent. Parfois blanches de neige, voir jaunes ou rouges, mais toujours majestueuses. Quels spectacles quotidiens!
Même si certains ne répondent pas à nos saluts, nous avons rencontré des gens chaleureux : ce policier qui nous a invités à visiter la ville de Lampa, ces gardes frontière boliviens qui collectionnent les photos de cyclotouristes, ou encore cet Aymara qui voulait nous faire découvrir une pierre sacrée protégeant une mine d’or. C’est vrai que tout le monde ici nous surnomme « gringo » (américain), mais nous ne devons pas en être blessés. Dans ces contrées où la population est très peu éduquée, il est plus facile d’utiliser un nom générique. Et à nous d’expliquer que la France n’est pas l’Amérique, que nous parlons français et pas anglais, et de leur montrer sur une carte où se situent la France et l’Europe!
Bref, nous changeons bien de monde, mais le voyage continue, et reste toujours aussi riche.
Ouvrons bien les yeux, dépassons nos limites, et restons réceptifs aux merveilles de cette bonne vieille terre!
Je t’aime,
David
Chers compagnons,
C’est bien beau, ces confidences épistolaires, mais vous pouvez vous parler aussi. Vous êtes à moins d’un mètre l’un de l’autre !
Moi aussi je vous aime,
Tortuga
aaa, un extracto de carottes avec Isaac
En bas, la vallée et le village
Arrivée sur Tipon,
ses terrasses,
et sa magnifique fontaine
Photo d’au revoir
Un couple germano-colombien, avec qui nous roulerons quelques jours
Leur boulot à eux, c’est de fabriquer des briques en adobe
Apres la pause, l’action
Un autre velo bizarre
Des tags locaux
Nous quittons la vallee de Cusco
Les champs, cultives a l’ancienne
Vue du bivouac
Il est beau le papi
Un autre site antique : Raqchi
Avec d’innombrables silos a grains
Pause aux sources d’eaux thermales, pour couper la montee
C’est chaud !
Un visiteur du matin
On reprend la montee
Bientot au col
Le comite d’accueil au sommet
Premieres lignes droites de l’Altiplano
Photo d’en revoir, apres une derniere nuit ensemble chez les pompiers
Suite aux conseils d’un policier, on se dirige vers Lampa
ville celebre pour son eglise,
ses catacombes,
et un etrange monument (1500 squelettes)
Ici, nous sommes des stars, seances photos obligatoires
Un copain mouton
Les ordures sur le bord de la route
et dans les rivieres
Les rues pleines de boue, on arrive a Juliaca
Encore des photos
Passage de frontiere, ca y est, plus de goudron…
Ca grimpe face au lac Titicaca
Au loin la Bolivie
Ca y est on y est !
Ici, les terrains de foot ont la cote
Bivouac de reve face au lac
Seance coiffeur
En face des bergeres
Et des flamands roses
David est malade, il se repose ou il peut
Une bolivienne
Fete du village, au hasard de la route
C’est colore
Je vous l’avais dit, ils sont bien a un metre l’un de l’autre !!